07.02.2019

Musique Atelier Interview

Rencontre avec Sébastien Béranger, responsable pédagogique de La Muse en Circuit – Centre national de création musicale

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Interview

Formé aux conservatoires de Reims, Lille et au Conservatoire de Paris, Sébastien Béranger étudie avec Emmanuel Nunes, Michaël Levinas, Bruno Ducol, Luis Naón et Michèle Reverdy. Titulaire d’un DEA d’esthétique et de sciences de l’art ainsi que d’un Doctorat en musicologie, il poursuit ses recherches sur la génération du matériau en conceptualisant le sonore par la représentation graphique. Comme responsable de la pédagogie et de la recherche à La Muse en Circuit – Centre national de création musicale, il mène des actions de sensibilisation aux musiques de création et aux nouvelles technologies audionumériques. Sébastien Béranger est un compositeur multiforme multipliant les approches du sonore.

Pourriez-vous nous présenter La Muse en Circuit ?

La Muse en Circuit est un Centre national de création musicale, le seul en Ile-de-France. Nous accompagnons les musiciens dans la réalisation de leurs projets, le plus souvent pluridisciplinaires, avec ou sans technologies. Nous accueillons en résidence compositeurs, instrumentistes et artistes de toutes disciplines, en offrant à leurs projets un accompagnement de production et de diffusion.

Nous développons également un label discographique : le label Alamuse.

La Muse en Circuit s’attache aussi à développer la transmission et la pédagogie avec tous les publics, des jeunes enfants à la formation professionnelle. Nous mettons en places des actions favorisant la découverte et le partage des musiques de création et développons de nouveaux outils, notamment le logiciel MusineKit en partenariat avec Sensomusic.

 

Quels types de projets d’éducation artistique et culturelle menez-vous ?

Les projets menés par la Muse en Circuit s’inscrivent principalement dans une démarche propre au Parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC) mis en œuvre par l’Education nationale. Sont privilégiés le contact direct avec les œuvres, avec les artistes ainsi que la pratique artistique des élèves. Nous nous attachons à démystifier la découverte du sonore, des musiques savantes liées aux nouvelles technologies, des nouveaux gestes instrumentaux.

Ainsi, nous mettons en place des ateliers de création où « l’élève » joue avec le son et explore toutes les dimensions de la création musicale ; de la prise de son au mixage en passant par la composition et l’interprétation instrumentale. Ces ateliers permettent  de mettre en place une pédagogie interactive et souvent ludique. Par la pratique, il s’agit de donner un accès à la richesse de nos mondes sonores ainsi qu’à l’originalité de nos imaginaires musicaux.

 

Que proposez-vous à travers les 24 Heures Du Son et les Bahutscopies ? 

Les « 24 Heures du Son » s’adressent aux classes de collège alors que les « Bahutscopies » s’adressent principalement à des lycéens, plus particulièrement de lycées professionnels. Il s’agit de proposer aux élèves une découverte de la création sonore par l’écoute – approche technique et esthétique – et la pratique. Après avoir défini un projet pédagogique avec les équipes enseignantes des établissements, nous accompagnons les élèves dans la réalisation de miniatures électroacoustiques, de l’enregistrement à la restitution finale.

Les « Bahutscopies » ont les mêmes objectifs de sensibilisation à l’écoute et à la création sonore que les « 24 Heures du Son » mais souhaitent valoriser les formations professionnelles dans lesquelles les lycéens sont engagés. Nous nous attachons par exemple à enregistrer les sons produits dans les ateliers de formation, afin de valoriser les pratiques professionnelles des élèves. Les miniatures électroacoustiques ainsi réalisées peuvent prendre plusieurs formes : installations sonores, sonneries pour l’établissement, séquences musicales diffusées lors d’un spectacle, etc.

 

Comment s’articulent les différentes phases de l’atelier ?

Ces ateliers, sur deux ou trois jours, proposent de suivre toutes les étapes de la création de pièces électroacoustiques : définition des corps sonores, prises de son dans l’établissement ou l’environnement proche des élèves, écoute, derushage et transformation sur ordinateur, montage, et mixage. Ces projets sont encadrés sur le plan technique et artistique par des compositeurs ou des ingénieurs du son qui travaillent régulièrement avec la Muse en Circuit. Cela nous permet de nous adapter aux projets pédagogiques des enseignants ; les compositeurs accompagnent les projets plutôt orienter création électroacoustique lorsque les ingénieurs du son suivent les projets autour des paysages sonores ou de la prise de son.

 

Comment percevez-vous l’implication des élèves, alors que bon nombre découvrent cette esthétique musicale ?

Ces ateliers sont en place depuis une dizaine d’année. Depuis le début, nous avons pris le parti du « FAIRE ». Ainsi, les élèves jouent avec les sons ; ils les produisent, les interprètent, les enregistrent, les éditent, les montent et les mixent. Ce qui rend ces ateliers efficaces, c’est la notion d’imprégnation. Les élèves (enfants ou adultes) mettent la main à la pâte. Ils jouent et absorbent cette richesse sonore. A la fin des deux ou trois jours d’ateliers, nos esthétiques leur semblent totalement naturelles, car ils y ont participé pleinement.

 

Quelles réactions suscitent la diffusion de leur création sous forme de sonnerie dans l’établissement scolaire ?

C’est variable, mais généralement très positif. Les camarades des élèves sont ravis de découvrir les créations de leurs amis et les barrières esthétiques tombent très facilement. Dans le cas de nouvelles sonneries d’établissement, les retours sont toujours enthousiastes.

Suite à nos interventions, de nombreux collèges et lycées franciliens ont d’ailleurs mis en place des ateliers pour continuer ce travail et pour renouveler régulièrement les sonneries.

 

Souhaitez-vous donner une nouvelle forme à cette initiative à l’avenir ?

Nous sommes les heureuses victimes de notre succès et les projets sont de plus en plus nombreux chaque année. C’est notamment pour cette raison, nous avons développé le logiciel MusineKit en partenariat avec Sensomusic.

Il s’agit de mettre gratuitement à disposition des enseignants, des artistes, des éducateurs un outil qui permette de développer des pédagogies autour de la création musicale. Il s’adresse avant tout aux enfants, aux adolescents et aux pédagogues (enseignants de l’Education Nationale, conservatoires, animateurs, etc.). MusineKit est un logiciel modulaire donnant accès immédiatement à une quinzaine « d’instruments », et chaque instrument propose de jouer avec les sons, de moduler les paramètres, de créer de séquences musicales et de piloter l’ensemble par des interfaces d’entrées multiples (joysticks, écrans tactiles, interfaces MIDI, Leap motion, etc.). MusineKit utilise des représentations graphiques simples pour que l’utilisateur puisse directement rentrer dans un jeu musical et sonore, sans apprentissage préalable.

Par ce biais, nous espérons accompagner les pédagogues et leur donner un outil simple et gratuit pour amener les jeunes publics à la découverte des langages musicaux contemporains.

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Crédits

Bahutscopies - La Muse en Circuit, Centre national de création musicale - Armando Balice, compositeur - Lycée André Boulloche de Livry-Gargan (93) - Projet de création sonore dans le cadre du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) - Projet lauréat (Prix national 2017) du CNRD

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Les 24 heures du son et Bahutscopies

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