19.02.2019

Son Atelier Interview

Portrait de Carine Jeanton, directeur du son et intervenante en milieu scolaire

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Interview

Carine Jeanton a travaillé à la radio, l’opéra, en musique classique et contemporaine ou encore au théâtre. Aujourd’hui, conseillère musicale et technique, ou formatrice, elle aime se servir de cette expérience variée pour la mettre au service d’actions de sensibilisation au sonore et de prévention des risques auditifs du primaire au lycée.

 

Comment définiriez-vous votre métier ?

J’ai plusieurs métiers, en réalité. J’oscille entre Conseillère Musicale et Technique, Scripte Musicale, Musicienne-Ingénieur du son, Formatrice en techniques audio et acoustique, certifiée en gestion sonore et prévention des risques auditifs et Intervenante en sensibilisation au sonore.

 

Quelle place tient la prévention des risques auditifs dans votre parcours ?

La prévention des risques auditifs est présente au travers de toutes mes palettes professionnelles, car l’écoute est omniprésente. La prévention est une évidence à faire partager face au manque d’information, au manque d’éducation à ce sujet et au besoin de plus en plus grandissant.

 

Avec quels acteurs collaborez-vous pour mener à bien les missions de cet ordre ?

Je travaille pour différents acteurs (RIF, File 7, La Muse En Circuit, le SDIDV (Service Départemental pour l’Intégration d’Enfants Déficients Visuels), etc.), la plupart du temps avec des interventions en milieu scolaire. Mes interlocuteurs sont bien souvent les enseignants, avec qui je collabore au travers d’interventions dans leurs classes directement, ou une salle de spectacle pour qui j’anime un atelier.

 

Quels types d’actions mettez-vous en œuvre pour sensibiliser les jeunes ?

Je me sers de mon parcours professionnel premier d’ingénieur du son qui plait beaucoup, pour accrocher « mon public », puis le fais manipuler par de la prise de son, de l’édition sur Reaper, Audacity ou Ableton et des bruitages, afin de faire et d’éveiller la curiosité sonore, et faire mieux passer le discours de sensibilisation (fort ou longtemps il faut choisir, attention au niveau d’écoute, etc…),

 

Sur quels outils vous appuyez-vous pour construire ces actions ?

Pour la partie technique, je me sers de microphones, valises d’objets pour bruitages, ordinateurs avec logiciel d’édition, de sonomètres, etc. Pour les supports d’intervention, j’utilise le DVD « Hein ?! » d’Agi-Son et l’exposition Encore plus fort.

 

Pourriez-vous nous présenter plus en détails comment s’effectue une cartographie des niveaux sonores en établissement scolaire et la manière dont celle-ci est ensuite utilisée ? 

L’idée est de sensibiliser sur les endroits où les élèves sont exposés dans leur environnement ; leur indiquer combien de temps où ils peuvent rester dans ces lieux. Il faut que tous (élèves et adultes) soient sensibilisés sur les niveaux que représentent 85 dB, 95 dB, que cela leur parle.

Il y a en premier, un temps de mesure avec un sonomètre intégrateur voire un exposimètre (durée 15′) et je double avec un enregistreur pour éditer ces sons. Ensuite on affiche dans les lieux un code couleur : « Ici XdBA, soit Y minutes/jour de conseillé », voire une équivalence avec un objet connu comme une voiture ou bien une fusée.

Autres possibilités d’exploitation :

– Une échelle sonore à afficher avec les lieux mesurés dans l’établissement et diffusion des sons de l’échelle au niveau affiché.

– Afficher un plan de l’établissement, avec les mesures réalisées en code couleur représentant les différents niveaux.

En fait les exploitations sont ouvertes à toute autre idée.

 

Que tentez-vous d’inculquer aux élèves que vous rencontrez ?

Je tente de leur donner quelques outils de gestion sonore, une notion des niveaux sonores, associés à une durée, car l’un ne va pas sans l’autre.

 

Comment jugez-vous de l’efficacité des projets menés ?

C’est très difficile d’avoir des retours sur la durée. J’ai l’impression de semer des graines, qui pousseront ou pas. Je pense que cela dépend beaucoup des jeunes qui nous font face, des piqûres de rappel qui leur seront offertes.

 

Quels conseils pédagogiques donneriez-vous aux enseignants qui souhaitent se lancer dans la prévention des risques auditifs ?

Sous un aspect simple, la prévention des risques auditifs mêle beaucoup de données transversales. Je leur conseillerai de profiter du côté agréable de la musique pour porter le discours moins drôle de prévention. Faire simple aussi car le sujet est complexe. Avoir une personne ressource sous la main pour répondre aux questions sur le sujet, tester des ateliers ou sortir quelques données habituellement réservées aux professionnels du son est sans doute plus serein.