08.03.2021

Risques auditifs

Les écouteurs, quelle réglementation ?

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Le dernier baromètre Jeunes, Musiques et Risques auditifs réalisés en 2020 par AGI-SON met notamment en exergue la forte utilisation des écouteurs et des casques par les jeunes pour écouter de la musique. Cette forte utilisation des écouteurs est liée au développement rapide de l’écoute de musique en ligne. Ainsi selon les résultats du baromètre 81% des jeunes écoutent de la musique en ligne. Parmi eux, près de 70% le font même entre 1h et 5h par jour. Il en ressort ainsi qu’1 adolescent sur 5 passe plus de 5 heures par jour avec des écouteurs sur les oreilles et même 1 sur 10 écoute de la musique 7 heures ou plus par jour.

 

Une écoute prolongée source de risque

Or l’écoute prolongée avec des écouteurs peut être la cause de troubles auditifs. En 2019, l’OMS alertait déjà sur les risques de troubles auditifs chez la jeune population. Selon un communiqué de presse de cette organisation : « près de 50% des personnes âgées de 12 à 35 ans, soit 1,1 milliard de jeunes, risque une déficience auditive due à une exposition prolongée et excessive à des sons trop forts, parmi lesquels la musique écoutée au moyen des appareils audio personnels. » Les appareils audio personnels comprennent les lecteurs mp3 mais aussi et surtout les smartphones qui sont devenus le moyen d’écoute privilégié. Ce chiffre de plus d’1 milliard de jeunes à risque a été rappelé par l’OMS dans son rapport paru le 3 mars 2021 à l’occasion de la journée mondiale de l’audition.

Cette alerte de l’OMS est l’occasion de rappeler qu’il est important de faire attention à la dose de son reçue et pas simplement au volume se son appareil. La dose comprend la durée d’écoute et le volume sonore. Plus le volume est fort et plus la durée d’écoute doit être courte. Ainsi à 85dB il est possible d’écouter pendant 40 heures par semaines alors qu’à 100dB c’est simplement 2 heures dans la semaine.

Cette mise en garde de l’OMS a toute son importance puisqu’on constate que les jeunes sont sujets aux troubles auditifs. Selon le baromètre d’AGI-SON, 64% des jeunes déclarent que l’écoute prolongée avec des écouteurs est la cause de leurs troubles auditifs. Ce sont au total 37% des jeunes qui ont déjà eu des troubles auditifs.

Afin d’alerter sur les risques de ce mode d’écouter, l’association JNA (Journée nationale de l’audition) souhaite mettre en place une « journée sans écouteurs ».

 

Rappel de la réglementation

Face à ces risques la France a pris des mesures législatives pour limiter le niveau sonore. Ainsi, la loi, à travers le Code de santé publique, impose une limite de 100 dB pour les écouteurs fournis avec les baladeurs et les smartphones.

Toutefois cette limite ne concerne que le matériel fourni par défaut par le fabricant. Il est possible de dépasser cette limite en utilisant d’autres écouteurs ou casques vendus seuls afin d’avoir un son plus fort sur son smartphone. En outre cette limite est au-delà du seuil de risque (85dB) et rien ne permet de limiter le temps d’écoute afin de pas dépasser la dose de son.

L’Europe a elle aussi mis en place une norme qui impose que toute utilisation de l’appareil à un niveau dépassant 85 dB(A) déclenche un signal et nécessite une validation par l’utilisateur. Cette norme reprend également la limitation française de la pression acoustique à 100 dB(A).

 

Une proposition de norme par l’OMS

En 2019 l’OMS a émis une réglementation sur le volume sonore des smartphones et lecteurs MP3 demandant aux fabricants d’inclure dans les appareils des systèmes d’alerte en cas de danger. Toutefois cette réglementation est non contraignante et fait donc office uniquement de recommandations.

Cette norme de l’OMS recommande aux appareils de prévoir :
– un suivi du niveau et de la durée de l’exposition de l’utilisateur ;
– un profil d’écoute individualisé basé sur les pratiques d’écoute de l’utilisateur qui lui indique le degré de sécurité avec lequel il a écouté la musique, et lui donne des clés pour agir sur la base de cette information ;
– des options pour limiter le volume sonore avec par exemple une réduction automatique de celui-ci ;
– des informations générales sur l’écoute sans risque.

Apple a suivi ces recommandations dans les dernières mises à jour de ses smartphones. La société américaine a mis en place des messages d’alerte et une option dans les réglages permettant de limiter les sons trop forts.

De même les infos santé disponible dans le téléphone proposent un vrai suivi du niveau d’écoute ainsi que de sa durée et plusieurs passages textes expliquant les risques et les conseils pour se protéger.

 

Toutes ces réglementations et outils mis à disposition ne doivent pas faire oublier les bons réflexes à avoir : éviter d’avoir la musique trop forte dans les oreilles et être attentif à sa durée d’écoute.